Selon le psychologue Carl Gustav Jung, les archétypes (ou images primordiales) sont des symboles qui se situent à la base de la perception humaine, qui se façonne à partir de ceux-ci.
Pour faire simple, au fur et à mesure de son étude des individus, des civilisations, des courants philosophiques et religieux qui ont traversé l’humanité, Jung identifie des symboles récurrents, dont il suppose qu’ils sont inscrits dans le code source de la psyché humaine.
Parce qu’ils sont antérieurs aux constructions humaines, ils demeurent insaisissables dans leur entièreté, mais partout dans l’humanité, on trouve des bribes de ces symboles qui renvoient tous vers ces images primordiales, dont l’essence originelle demeure inaltérable.
On rencontre ces images dans leur plus grande clarté au travers des mythes, des rêves et des états de conscience modifiés : elles produisent chez qui les rencontre de fortes intuitions qui étaient observées avec attention dans les civilisations qui leur prêtait de l'intérêt, avant d’être déconsidérées au profit d’une approche plus rationnelle du monde.
Mais qu’on décide de leur accorder du crédit ou non, ces archétypes persistent dans la psyché humaine, et réapparaissent jusque dans notre vie de tous les jours.
Un exemple ? Dans son livre « Le serpent Cosmique », Jérémy Narby raconte son expérience de l’Ayahuasca qui le met face à deux serpents entrelacés (souvent rencontrés au cours de ces voyages d’ailleurs), et qui l’emmènent sur la piste d’une image primordiale sans cesse représentée : d’abord Nahash, le serpent du péché originel, figure double offrant à Eve la connaissance tout en la privant de l’accès au jardin d’Eden,
Figure double qui sera perpétuée lorsque ce même serpent deviendra le bâton de Moïse, transformant cet animal souple en une forme rigide.
Figure double que l’on retrouve dans les différentes variations du Caducée, qui prend parfois la forme de deux serpents entrelacés, parfois celle d’un serpent enroulé autour d’un sceptre et qui, entre autres interprétations, relate la dualité existante entre médecine et poison.
Figure double qui prend la forme d’un escalier hélicoïdal à travers l’échelle de Jacob relatée dans la Bible, une sorte de pont entre le monde physique et le monde spirituel.
Et enfin, figure double de la structure de l’ADN, mise en lumière par Francis Crick (semble-t-il au lendemain d’une prise de LSD) qui n’est autre que le code source de la génétique de chaque individu.
En d’autres termes dans ce dernier cas, c’est une perception symbolique induite par un état de conscience modifié qui a permis à Crick de découvrir l’une des lois du monde physique.
Ainsi la boucle semble bouclée.
Coïncidence ? À chacun de l’évaluer.
Le serpent, symbole de connaissance et d’union des contraires, est un archétype parmi d’autres, et sa récurrence dans l’histoire de l’humanité amènent Jung et Narby à supposer qu’il existe, au delà des bibliothèques, une source d’informations inscrite au sein même de la psyché humaine; une source d’information qui devient partiellement accessible lorsque l’on met en sommeil l’état ordinaire de conscience qui nous en tient normalement éloignés.
On peut appeler ça l’intuition, ou même la foi, est c’est une façon d’agir dans le monde qui échappe au fil traditionnel des causes et des conséquences.
Que l’on décide ou non de l’exploiter dans sa vie, cette perception constitue une clé de lecture du monde qu’il peut être utile d’ajouter à son trousseau lorsqu’aucune autre ne fonctionne.
À la prochaine,
La Gazette de l’Abîme
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